Le nouveau permis de conduire a fait voler en éclats l’image poussiéreuse du bon vieux papier rose. Depuis 2013, la France a troqué son célèbre document pour une carte plastifiée au format carte bancaire, bien plus résistante et difficile à falsifier. Terminées les longues files en préfecture : la procédure est aujourd’hui simple, rapide, et pensée pour limiter les fraudes. En quelques étapes, on reçoit chez soi un sésame valable à travers toute l’Union européenne, taillé pour la mobilité d’aujourd’hui.
Nouvelle date de lancement, sécurité renforcée : ce qui change pour tous
Le 19 janvier 2013 marque un tournant. Dès septembre de la même année, la France commence à délivrer ce permis nouvelle génération, harmonisé dans toute l’Europe. Son objectif ? Simplifier la vie des conducteurs, sécuriser le document, et permettre à chacun de circuler plus librement sur le continent. Le système a été revu de fond en comble : plus besoin de se déplacer à la préfecture, tout arrive directement dans votre boîte aux lettres.
Côté validité, la formule est claire : 15 ans pour les permis A et B (moto et voiture). À l’issue de cette période, une simple mise à jour des informations suffit dans la majorité des cas, sauf pour certaines catégories professionnelles ou un contrôle médical peut s’imposer. Les détenteurs du permis C ou D (poids lourds, transport de voyageurs) doivent, eux, renouveler leur titre tous les cinq ans.
À son lancement, le permis était équipé d’une puce électronique contenant les informations essentielles du titulaire : identité, catégories, restrictions éventuelles, photo… Mais pas question d’y stocker les points restants, ni les empreintes digitales. Les forces de l’ordre pouvaient ainsi vérifier l’authenticité du titre en cas de contrôle. Ce système a été abandonné en 2015, jugé trop coûteux à maintenir, mais la sécurité reste au rendez-vous grâce à d’autres dispositifs sophistiqués intégrés lors de l’impression, selon l’Imprimerie nationale.
Ce changement de format s’est accompagné d’une réorganisation complète des catégories de permis. Voici les principales nouveautés désormais en vigueur :
- Création de la catégorie AM (cyclomoteur de moins de 50 cm3), accessible dès 14 ans
- Introduction de la catégorie A2 (motos bridées à 35 kW) pour les conducteurs de 18 ans et plus
- Ajout des catégories C1, C1E, D1, D1E pour les véhicules utilitaires et de transport en commun
Ces évolutions ont permis de rendre la réglementation plus claire, notamment pour les jeunes et les conducteurs de véhicules lourds, tout en abaissant certains seuils d’âge.
Les détenteurs du fameux permis rose n’ont rien à craindre : leur titre reste valable jusqu’à janvier 2033. Le remplacement s’effectue progressivement depuis 2015, principalement lors d’une perte, d’un vol, ou d’un renouvellement. Les services préfectoraux informeront chacun des démarches à effectuer au moment venu, pour transformer d’ici 2033 près de 38 millions de titres en circulation. Si vous devez refaire votre permis, vous recevrez automatiquement la version moderne.
Le système de points reste inchangé. Le retrait, la récupération ou la vérification du solde continuent de fonctionner comme avant. Pour ceux qui souhaitent consulter leur solde, le service Telepoint reste accessible avec les identifiants fournis par la préfecture.
Ce que les réformes ont concrètement changé
Le nouveau permis ne s’est pas contenté d’un relooking. Entre 2014 et 2016, plusieurs réformes ont été mises en place pour faciliter l’accès à la conduite. Objectif : simplifier, accélérer, alléger le coût. Retour sur les principaux changements opérés :
- Première avancée : obtenir son permis est devenu plus rapide et moins onéreux. Le délai moyen entre deux passages à l’examen pratique est passé de 93 à 63 jours entre 2013 et 2016. Le dispositif « permis à 1 euro par jour » a également permis d’ouvrir la formation à davantage de jeunes, et le coût moyen du titre a reculé de 1700 à 1300 euros.
- La surveillance des examens de code n’est plus réservée aux inspecteurs : policiers, gendarmes et d’autres agents peuvent désormais s’en charger. Résultat : les inspecteurs passent moins de temps sur ces épreuves et davantage sur le passage du permis B. La quasi-totalité des examens théoriques est aujourd’hui externalisée auprès d’opérateurs habilités comme La Poste ou SGS.
- Le test de conduite a été réduit de 35 à 32 minutes à l’été 2014. Trois minutes de moins, c’est la possibilité pour un inspecteur de faire passer un candidat supplémentaire chaque jour. Sur un an, cela représente plus de 117 000 créneaux gagnés pour les candidats.
- L’examen pratique a aussi été allégé : seuls deux exercices de manœuvres sont désormais demandés. Il s’agit du freinage d’urgence et d’une marche arrière, à la discrétion de l’inspecteur.
- Les jeunes sont sensibilisés plus tôt : des modules de sécurité routière ont été intégrés aux programmes scolaires au collège, avec deux évaluations (ASRS niveau 1 en cinquième et niveau 2 en troisième). La réussite au niveau 2 conditionne l’accès au permis.
- L’apprentissage anticipé de la conduite a été renforcé : dès 15 ans, il est possible de commencer en conduite accompagnée, et de passer l’épreuve pratique à 17 ans et demi. Les résultats sont là : taux de réussite supérieur et facture allégée d’environ 500 euros.
Pour consulter tous les détails de cette réforme, le communiqué officiel du 13 juin 2014 est disponible en téléchargement.
Un regard dans le rétroviseur : histoire du permis
Le premier à s’élancer sur les routes publiques fut Carl Benz, à l’été 1888, aux commandes de son brevet Motorwagen. L’inventeur emblématique n’a pas tardé à attirer l’attention… et les réclamations. Les riverains allemands, gênés par le bruit et l’odeur, ont rapidement sollicité le Grand-Duché de Bade pour encadrer la circulation.
Carl Benz
Benz Patent Motor Car
La contribution de Carl Benz dépasse l’anecdote : il fonde Benz & Cie en 1883, avant que l’entreprise ne donne naissance, via plusieurs fusions, à la marque Mercedes-Benz en 1926. Cette période foisonne d’innovations et de records, propulsant l’automobile dans l’ère moderne.
Côté hexagonal, Léon Serpollet décroche en août 1889 la première attestation de conduite, puis obtient en 1891 un certificat pour rouler à 16 km/h, une prouesse pour l’époque. Deux ans plus tard, une ordonnance du préfet de Paris impose le certificat d’aptitude à tous les hommes de plus de 21 ans, tout en fixant des limitations de vitesse strictes : 12 km/h en ville, 20 km/h hors agglomération.
En avril 1897, la duchesse d’Uzès devient la première femme à décrocher le précieux sésame. Elle reçoit aussi le premier PV pour excès de vitesse l’année suivante, pour avoir osé rouler à 15 km/h. Dès 1899, le certificat devient obligatoire sur tout le territoire, et les limitations évoluent : 20 km/h en ville, 30 km/h sur route.
Les premières auto-écoles voient le jour en 1917, conséquence d’une circulation de plus en plus dense, et d’une réglementation appelée à se renforcer. En 1922, le certificat prend officiellement le nom de « permis de conduire ». Depuis, le document n’a cessé d’évoluer, jusqu’à la décision européenne de 2006 qui aboutira, en janvier 2013, à un permis unique, sécurisé et reconnu dans toute l’UE.
Pour s’informer sur toutes les démarches et les enjeux de la conduite en France, le site officiel du permis de conduire reste la référence. À signaler aussi : le documentaire « Tout est permis » de Coline Serreau, sorti en 2014, qui dresse un portrait sans fard des pratiques routières à la française, à travers stages de récupération de points et témoignages de conducteurs. Un film qui met le doigt là où ça fait mal, et rappelle combien la route réclame vigilance et responsabilité.





